Je suis régulièrement contacté par des conjoints ou des conjointes de personnes en recherche d'emploi. On m'explique alors la difficulté de vivre avec quelqu'un qui se replie, cache ses émotions ou au contraire se réfugie dans une sorte d'impatience, d'irritabilité causée par un moral en berne, accusant le coup d'une recherche jusque là infructueuse et sensiblement angoissante.
La sphère familiale, dans son ensemble, est impactée par le chômage de l'un ou de l'autre poussant parfois le principal intéressé à cacher le plus longtemps possible la perte de son emploi.
Sans aller jusque'à reproduire le comportement de Jean-Claude Romand pendant 18 ans, je constate que l'annonce à son conjoint de la perte d'un emploi est parfois repoussée à l'extrême, attendant les premiers signaux réconfortants d'un recrutement rapide (comme une convocation à un entretien..) pour informer l'autre de la situation temporaire traversée...
Sortir du silence |
Les ruptures conventionnelles (ces licenciements déguisés) assorties - parfois - d'une indemnité de départ ou pour le moins, d'une dispense de travail pendant le préavis, ont tendance à renforcer ce phénomène. On quitte ou on perd son emploi avec quelques mois devant soi pour se reconstruire et se remettre en selle.
Seulement... Seulement, les mois passent vite, l'énergie consacrée à la recherche d'un emploi s'émousse à force de non-réponses, de fatigue morale et physique accumulée. Bref, le jour où l'annonce de la perte de son emploi est "officialisée" à son conjoint est un jour sombre. Je sais bien qu'un couple est sensé fonctionner dans la plus grande confiance et peut-être transparence, mais je me garderais bien de juger qui que ce soit tant les situations de perte d'emploi sont vécues intérieurement, dans l'identité même de la personne concernée et que chacun encaisse d'abord l'évènement dans son intimité, comme il le peut...
Evidemment, je défends le dialogue, pourtant, si vous vous reconnaissez dans cette description - vraiment courante, croyez-moi- je ne peux que vous encourager à sortir de votre silence et à exprimer, ou partager au plus vite votre situation, avec un professionnel de l'accompagnement, si l'évoquer en famille reste délicat. Vider son sac, s'exprimer, prendre de la distance, réfléchir, poser des actes sans attendre je-ne-sais-quel-miracle.
Le silence est un poison, ne gardez rien pour vous, partagez, parlez, car ce que vous vivez est important.
Vous êtes important et ce que vous avez en vous l'est tout autant.
Lorsque le moment sera venu pour vous d'annoncer votre chômage à votre conjoint, gardez bien à l'esprit que la façon de relater votre situation, vos inquiétudes, aura forcément un impact sur la réaction de l'autre, une réaction intériorisée ou exprimée, totalement (sans filtre) ou partiellement. De la manière dont vous vous exprimerez dépendra l'ambiance familiale des semaines, des mois à venir. Exprimer l'émotion est nécessaire, dire ce que vous ressentez, ce que vous pensez constituera les fondements de votre vie de couple... Pour autant, laisser l'autre face à vos émotions, vos inquiétudes ne pourra que provoquer l'amplification des peurs ou l'usage constant de propos rassurants auxquels vous n'adhérez pas en ce moment...
"de toute façon, j'ai confiance en toi, tu vas rapidement retrouver un emploi...!"
... et qui risquent de vous crisper davantage que de vous encourager.
Ce que je vous conseille, c'est d'ajouter vos actes à ce que vous pensez et ressentez... Par conséquent, communiquez vos inquiétudes, vos réflexions, mais proposez également et systématiquement une démarche concrète, une organisation pour sortir de cette situation : "je vais organiser mon temps de telle manière, je devrai parfois m'absenter pour visiter des salons professionnels, rencontrer des personnes, je m'octroierai des moments de détente, en famille, mais aussi seul...".
Partagez votre agenda de recherche d'emploi, tout ce qui relève de la préparation, de la stratégie : posez des actes en face de vos émotions et vous parviendrez à véhiculer, d'une certaine manière, une capacité rassurante et constructive à sortir de l'ornière pour aller vers votre prochain job.
Vous serez en mesure d'échanger à nouveau sur les différents temps de votre journée, sur vos objectifs, les vôtres - c'est-à-dire ceux qui ne dépendent que de vous : candidatures spontanées, appels réseaux, réponses aux annonces, refonte du CV, visites de salons, activités sur les réseaux sociaux, mise en place d'une vraie veille, relances, etc... plutôt que de fuir toutes les questions relatives à vos démarches... Et si vous ne l'avez pas encore fait, tentez le coup, présentez votre plan d'action, votre organisation pour rapidement remettre de l'ordre dans cette situation inconfortable et anxiogène.
Haut les coeurs, mes amis ! n'hésitez pas à me contacter si vous ou votre conjoint êtes concerné de près ou de loin par ce billet.
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