Coaching CV

L'importance d'échanger des banalités

Conversation phatique

- "Bonjour, ça va ?"

- "Oui et toi ?" 
- "Super, avec un temps pareil !"...

Cette conversation que l'on pourrait échanger à la machine à café, dans l'ascenseur ou en croisant son collègue au détour d'un couloir, ponctue nos journées, de façon tellement banale que nous n'y prêtons plus attention. Pourtant, cette conversation, dite phatique, est essentielle, elle crée le lien et pose l'équilibre d'un échange à venir entre deux personnes.

À l'heure où tout n'est que recherche d'efficacité, de rendement immédiat, de disparition du contact humain au profit d'un investissement temps/argent, rapidement rentabilisé, à l'heure où l'on prône l'inutilité des entretiens de recrutement, que l'on limite les pauses en entreprise, que la gestion du temps est tellement exacerbée, je crois urgent et vital d'entretenir l'échange de banalités dans nos rapports humains. Oui, je sais, "rapports humains" rime mal avec digitalisation....

Cette introduction à l'engagement (ou l'échange entre deux personnes) est fondamentale, elle marque concrètement la disponibilité de l'un envers l'autre, la volonté de reconnaître l'autre en tant que personne et non pas en tant que moyen (ce qui, rappellerons le, est une des conditions du développement de la confiance en entreprise). Reconnaître, en voilà un mot magique tellement prononcé par des salariés en quête de signaux forts de la part de leur hiérarchie et de leurs collègues. "J'ai besoin de reconnaissance...". Et bien justement, la conversation phatique, celle que l'on compare souvent à de l'hypocrisie, du protocole inutile, voire de la perte de temps, est au coeur d'un processus d'humanisation tellement recherché par une majorité. Savoir parler, même de rien.

Savoir échanger des banalités est bien plus important que vous ne l'imaginez
Échanger des banalités

Sincérité et politesse

Lorsque je dis "Bonjour, ça va ?", je m'intéresse vraiment à l'autre, je ne fais pas semblant de l'écouter et suis sincère dans ma démarche. Pourquoi me priver de cette sincérité ? Pourquoi devrais-je me me méfier par avance du risque d'entendre une réponse que je n'attends pas ? Je considère l'échange de banalités comme la manifestation la plus poussée de l'élégance humaine, de la politesse, de l'expression du savoir-vivre, me préservant un temps de toutes ces mini-agressions que j'accepte au quotidien, et dont je ne cherche plus à me protéger. 

Voulez-vous savoir à quelles mini-agressions je pense ? J'évoque la porte du métro qui vous claque sur le visage, de ce vendeur de sandwich qui ne vous regarde pas en prenant l'argent que vous lui tendez, de ce collègue qui part tout les soirs sans dire au revoir, de ces réunions de travail où chacun se demande ce qu'il fait là, les resquilleurs dans les files d'attente, les crottes de chien dans la rue, des pieds posés sur la banquette du train, des salles de réunion jonchées de gobelets vides, la personne âgée qui reste debout dans le bus, les scooters garés au milieu d'un trottoir, des coups de klaxon intempestifs, des grossièretés qui font de moins en moins en sourire, l'exposition aux idées politiques (détestables en plus) de certains... La liste est longue...

Alors oui, la conversation phatique est importante. Jugée inutile, perte de temps, elle nous réhabilite  - à mes yeux - dans notre dignité, ces échanges, simples, mettent de l'huile dans nos relations aux autres, ils facilitent l'échange comme le font les smileys dans un e-mail. Cet échange de banalité nous place dans un rapport de respect et d'équilibre, nous permet justement de réfréner l'agressivité ambiante, comme un sas, une parenthèse nous autorisant enfin à nous délecter d'une parcelle de finesse et de délicatesse. Le "bonjour, ça va ?" c'est une bulle protectrice, un rempart contre l'animalité, une question dont la réponse nous échappe trop souvent et qui mériterait pourtant toute notre attention. C'est une des raisons pour lesquelles, je considère que la compétence première d'un manager, d'un responsable de service, est aussi de savoir conserver l'échange de conversations dites inutiles... cela vaut également pour nos relations personnelles bien sûr !

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* crédit photo Alan Cranshaw


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