J'accompagne de nombreux clients (pour ne pas dire tous) qui s'interrogent sur leur carrière, sur le sens de leur engagement professionnel mais également personnel. Beaucoup parmi eux ont connu un burn-out, un épuisement total, physique et moral dont ils peinent à se relever, culpabilisant d'avoir stoppé net leur élan et se plaçant dans une perspective jusque là jamais atteinte, celle de la vulnérabilité dans un monde relativement connu. Le poids de la culpabilité revient très souvent dans nos entretiens, la culpabilité de n'avoir su détecter les signaux précurseurs, la culpabilité de s'être écarté de ce qui est bon pour soi, d'avoir mis en danger sa santé, peut-être celle des autres, etc...
Certains décident de "se poser" quelques jours pour reprendre quelques forces et repartir au travail en se promettant de se ménager davantage, de revenir plus tôt du bureau, de moins "tirer sur la corde", de se consacrer davantage à ce (ceux) qu'ils aiment... D'autres, envisagent immédiatement une transition professionnelle plus conforme à ce qu'ils souhaitent, les plaçant dans l'environnement le plus écologique à leurs valeurs, leurs attentes, l'expression de leurs compétences...
Envisager autrement le burn-out |
Le burn-out est souvent associé à une faible estime de soi, entraînant un écart important entre l'accomplissement ou la réalisation de ses besoins fondamentaux et les actes, les faits... Si je ne respecte pas mes attentes, mes besoins, alors, je me place en situation d'estime de soi fragile, ce qui correspond au caractère "le plus prédictif" d'un burn-out latent.
Pour ne rien vous cacher, je n'adhère que partiellement à ce principe...
Je crois profondément que le burn-out peut aussi être envisagé d'une autre façon, comme un cri d'amour, celui d'un corps malmené par une conscience épuisée. Une véritable déclaration d'intérêt, d'estime de soi, le soi représentant l'ensemble des milliards de cellules qui nous composent, nos organismes les plus subtils, les plus discrets. L'estime de soi est très souvent rapportée à la dimension intellectuelle, consciente, psychique... Le reste ne compterait pas, et pourtant, c'est ce "reste" qui sonne l'alarme et nous tire d'un aveuglement destructeur. L'intellectualisation du burn-out, tout ramener sur le plan psychique est une erreur, cela nous prive du soutien inconditionnel de ce que nous sommes, des êtres de chair et de sang.
Malgré ses apparences sombres, je considère le burn-out comme une formidable déclaration d'amour, une déclaration à soi-même, pleine d'optimisme et de perspective... Enfin, je vais renouer et redécouvrir ce que je suis en me félicitant chaque jour d'avoir un organisme qui ne me veut que du bien, dans ce burn-out, je me souviens que mon meilleur ami, c'est moi et cela me fait du bien d'avoir enfin l'occasion de m'accorder de la tendresse.
Burn out, cela signifié "brûlé de l'intérieur," cramé, quoi... Eh bien, il est grand temps de considérer que ce qui a brûlé en soi, c'est aussi l'aveuglement et son propre comportement maltraitant, en cela, il peut être considéré comme une manifestation décisive de toute votre personne, une rébellion contre l'insoutenable, un immense cri d'estime de soi.
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Bonjour Pierre, j'ai fait un burnout fin 2012, j'ai énormément eu de difficulté à sortêir la tete de l'eau , mais je n'ai jamais pensé a observé mon burnout sous cet angle, tout ce que vous écrivez ici me fait écho et me fait beaucoup de bien, merci à vous
RépondreSupprimerML
Superbe analyse à laquelle je suis arrivée aussi... après quelques mois ! Merci
RépondreSupprimerque c'est bon et réconfortant, merci Pierre, cela change totalement mon regard sur cette période. Bertrand
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