"On me considère comme un "tueur" en entreprise, assez distant et très autoritaire… J'ai même appris que mon surnom est "le Sergent"… comme le nom de l'auberge des Thénardier dans Les Misérables*".
Cela ne se voit jamais en entreprise mais Luc souffre de sa réputation, il est peu apprécié de ses collaborateurs, l'ambiance dans le service dont il est responsable est reconnue pour être travailleuse, concentrée, appliquée… silencieuse aussi… mais surtout glaciale. Du coup, les arrêts maladie y sont fréquents, les demandes de mutation nombreuses et les cachoteries deviennent systématiques et pesantes.
Luc, connu pour ne ressentir aucune émotion, me confie son malaise, sa souffrance profonde, lui qui, tout au fond, est profondément sensible, affecté et touché par les autres.
Icehotel - Jukkasjärvi |
A cet instant, il m'explique son cheminement, le "combat" qu'il a du mener en interne pour faire sa place, lui, l'autodidacte venant de nulle part, pour gagner la confiance de ses supérieurs. Il s'est engagé au delà de ses forces, sacrifiant ses temps libres à la finalisation de dossiers sensibles, engageant toute sa personne au service de l'entreprise, qui du reste, l'a conforté dans son comportement en lui confiant davantage de responsabilité.
"Plus je m'engageais, plus j'étais intransigeant avec moi-même et plus je grimpais rapidement les innombrables échelons de l'entreprise !". Un cercle vicieux dans lequel la récompense des efforts s'appelle l'ascenseur social, une récompense payée au prix fort dans certains cas.
Lors de nos échanges, Luc est l'opposé de l'image qu'il véhicule dans son service. Il est jovial, sensible, courtois, il exprime librement sa sensibilité, baissant - pour une fois- le masque de l'intransigeance et de l'autorité… sa voix s'en trouve même transformée, plus ronde, plus douce, plus souriante également, plus délicate aussi. Rapidement, nous abordons des sujets plus intimes, ses joies, ses motivations personnelles, ses rêves, son enfance, ses craintes, le rejet qu'il redoutait tant chez ses parents, dans sa famille et chez tous les autres… Qu'il baisse la garde à cet instant nous a tous les deux beaucoup ému, son excès d'autoritarisme, sa tyrannie n'avait d'égale que la peur qu'il avait enfouie. L'expression dure qu'il arborait si souvent et depuis si longtemps en entreprise cachait une fragilité, une émotivité dont on l'accusait pourtant d'être dépourvu.
Ce témoignage fait écho à la lecture de "Objectif zéro sale con" ou bien encore "Petit chef ou Vrai patron," livres dans lesquels, ceux que l'on qualifie de "sales cons" doivent être rapidement renvoyés du service pour ne pas nuire à la santé générale de l'entreprise.
Je comprends tout à fait ce principe que je ne partage absolument pas, (après tout, nous sommes tous les cons de quelqu'un, non ?), mais je défends l'idée que davantage que l'exclusion, une once de compassion injectée dans nos entreprises, permettrait à chacun de vivre pleinement sa fonction, avec émotion (eh oui, j'y crois encore !) et sensibilité sans jeu de rôle stérile (ou jeu de pouvoir) duquel ne ressort aucun gagnant. Je n'approuve pas le comportement de Luc (ni lui du reste), mais au delà de la tyrannie apparente, je perçois une profonde souffrance. Cette souffrance peut faire l'objet de ma compassion, même si je sais que ce mot n'est jamais employé dans le monde de l'entreprise. E,n tout cas, je sais que cette compassion sera toujours détectée par la personne que je considère comme étant "sans coeur".
Et vous, jouez-vous un rôle en entreprise ? Entrez dans les jeux de pouvoir ? Êtes vous la même personne dans la sphère personnelle et au bureau ? Que se passerait-il si vous étiez "authentiquement vous" dans l'entreprise, que pourriez-vous craindre ?
J'accompagne de nombreux managers dans leur cheminement professionnel, n'hésitez pas à me contacter, quelques séances de coaching emploi constituent une opportunité formidable d'observer sa carrière sous un nouveau regard. Haut Les Coeurs !
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* L'auberge des Thénardier s'appelle "le Sergent de Waterloo"
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