Un jour, je me suis rendu compte que je m'étais construit sur une aiguille bien piquante que j'avais soigneusement retirée de la botte de paille qui symbolise ma vie… Depuis ce jour, je vais mieux ! C'est un peu comme si, de la somme des milliards de mots entendus (qui ne m'étaient pas tous forcément destinés), je n'avais sélectionné qu'une seule phrase, qu'une seule injonction et que je l'aurais désignée comme programme de vie, comme cadre structurant tous mes actes, quitte à souffrir de temps en temps. Du coup, j'ai cultivé la certitude d'être timide, j'ai trouvé une infinité de preuves qui me donnaient raison, en prenant soin de ne jamais observer toutes celles qui contredisaient ma timidité. Résultat, je suis passé à côté de bon nombre d'occasions et cela m'a fait souffrir.
Tout petit, on me disait que j'étais timide, j'avais peur de parler aux vieilles dames qui piquent, je ne prenais pas la parole à l'école, je lisais beaucoup et ma mère ne cessait de me présenter aux autres en précisant que j'étais timide. Une mère a toujours raison, vous ne croyez pas ? Et puis elle savait plus de choses que moi, c'était une adulte ! Et c'est vrai qu'elle avait raison, aussi loin que je me souvienne, j'étais sage, je restais dans mon coin. J'aime bien l'idée qu'elle ait eu raison, surtout qu'elle m'a élevé !
Il ne m'en a pas fallu davantage pour construire une personnalité qui répondait au critère de timidité, pour donner raison à ma mère et me rassurer dans le fait que je lui donnais par la même occasion le pouvoir de ne pas se tromper.
Là où cela devient plus rigolo, c'est lorsque j'ai découvert des films familiaux, des "super 8" aussi longs à installer qu'à visionner. Et là, surprise, je découvre un petit garçon qui porte le même prénom que moi, qui me ressemble énormément, qui a les mêmes parents que moi mais qui fait le pitre, qui mime (Georges Marchais a priori), qui joue aux marionnettes, qui saute dans tous les sens, un petit garçon presque turbulent que je ne me souviens pas d'avoir rencontré. Le contraire d'un enfant timide. Damned, j'ai du admettre, contraint et forcé, qu'au moins une fois dans ma vie, je n'avais pas été timide…. Flûte alors.
La brèche était ouverte. Je me suis concentré sur le théâtre de marionnettes qui est apparu quelques secondes. Et là, les souvenirs sont remontés, les spectacles que je montais, les histoires que je rédigeais, les foules que je convoquais, ma voix qui criait, imitait des personnalités, changeaient en fonction du jeu, de la scène… Des souvenirs comme ceux là, j'en avais des wagons.. Fichtre. Des pans entiers de mon histoire s'écroulaient sous mes yeux.
Et vous, comment vous définiriez-vous ? Timide aussi ? Colérique ? Bagarreur ? Moche ? Bête ? Idiot ? Méchant ? Cancre ? Incapable ? Nul ? etc, etc…
A défaut de films super 8, plongez vous dans vos souvenirs et demandez-vous :
- D'où provient cette pensée, de vous ? Des autres ?
- Cette "certitude", vous donne t'elle de l'énergie ou au contraire vous ralentit-elle ?
- Du reste, y a t-il ne serait-ce qu'une expérience de votre vie au cours de laquelle vous n'avez pas été - au choix - timide, colérique, bagarreur, moche, bête, idiot, méchant, cancre, incapable, nul ….?
- Pourquoi décidez-vous alors de penser que vous êtes "toujours" timide, colérique… ?
- Et si vous commenciez à observer tous ces moments au cours desquels vous étiez le contraire de timide, colérique… Que constatez-vous ?
Je ne suis pas QUE timide, alors la timidité ne me définit pas. Rien ne me définit au fond parce que je suis tout à la fois. Comme vous, je suis capable de tout. Alors ras le pompom de tous ces freins inutiles qui pèsent tant sur nos épaules, vous ne croyez pas ! Haut Les Coeurs !
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ah nous avons tous eu notre ''avant" et notre "après" avec une grosse période de vie pour comprendre que nous n'étions pas tels que l'on nous avait défini. Belle histoire ! Merci
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