Coaching CV

Les procédures tuent l'initiative et la créativité

Je rencontre chaque jour des managers fatigués, las, parfois désespérés, qui comptent les jours les séparant de la retraite. Regardez autour de vous, écoutez les personnes qui vous accompagnent, repérez les "comme un lundi…!" lancés autour de la machine à café. Des indices souvent légers en apparence renferment un profond sentiment d'impuissance, de lassitude… et pour tout dire, de déprime pas si passagère que cela.

Les joies de l'audit interne

Chouette! Voilà un billet un positif me direz-vous ! Je discutais hier avec une directrice du développement d'une grande entreprise d'équipements industriels qui constatait amèrement sa perte de motivation dans son travail. "Il y a encore quelques années, je participais avec passion aux travaux de l'entreprise, rien ne me semblait impossible, les initiatives étaient réellement encouragées, nous avions l'impression de vivre  (elle et ses collaborateurs) comme des pionniers, même dans ce groupe aux dimensions mondiales". Depuis quelques temps, la course aux rendements à deux chiffres, l'essoufflement des marchés ont vu l'émergence de méthodes "rationnelles" destinées à réduire les temps de production et, accessoirement, à optimiser la qualité des produits commercialisés ou délivrés.

Mon expérience d'accompagnement des managers et dirigeants au quotidien, montre de façon évidente, la corrélation entre l'arrivée de process soi-disants destinés à l'amélioration des performances de travail et la baisse de motivation de ceux qui doivent les appliquer. La mise en place des procédures en entreprise a ceci de particulier : il est difficile de vouloir s'opposer à un système sensé améliorer le fonctionnement de l'entreprise tout en adhérant complètement à des méthodes qui tuent la créativité, l'intuition et l'intelligence humaine… Ce que nous sommes quoi... Un système pernicieux, légèrement schizophrène, que l'on met soi-même en place parce qu'il semble, sur le papier, utile au développement de l'entreprise alors que l'on sait pertinemment, qu'il nous condamne à un enfermement (pas si flexible que cela) dans un monde où l'on chasse chaque défaut, quitte à ne rien produire.

Si je participe à la création d'un process en entreprise, j'en deviens le complice, l'acteur. Volontairement, par loyauté sans doute, je creuse le propre sillon de ma future baisse de motivation, éventuellement de mon départ. 
J'appelle cela de la manipulation pure, une véritable violence (apparemment inoffensive puisque nous nous précipitons aux ateliers et groupes de projets pour en faire partie) créant parallèlement un sentiment de trahison, de culpabilité, à l'idée de tricher sans cesse pour obtenir des chiffres ou des résultats à la fois conformes à ce que l'on a pu imaginer, aux objectifs décalés, mais également utiles au développement économiques de l'entreprise. Se mettent alors en place (et les managers victimes de procédures lourdes et absurdes ne me contrediront pas) des système parallèles de désobéissance ou de tricherie permettant d'échapper aux sacro-saintes procédures internes. 
Le zéro défaut recherché est proche de la perfection. Croyez-vous à la perfection ? Souhaitez-vous la perfection ? Ne pensez-vous pas que la qualité totale si chère (dans tous les sens du terme) pourrait avantageusement être remplacée par une volonté commune et souvent exprimée de "juste" bien faire son travail et avoir la satisfaction d'être en règle avec ses propres valeurs plutôt qu'avec celles du lean ou de Monsieur Toyota.

Bien sûr, l'initiative est demandée, revendiquée.. elle s'inscrit pourtant dans un cadre rigide, celui du référentiel des procédures, celui qui anéantit le libre arbitre lorsqu'il est à ce point le critère objectif de la performance "si nous suivons tous scrupuleusement les procédures, alors elles nous mèneront au résultat attendu. C'est mathématique". 
Comment ne pas éprouver de la peur en désobéissant aux règles mises en place par la collectivité, par soi-même aussi, dans une période où la perte de l'emploi est l'une des angoisses les plus fortes qui soit ? Comment développer l'autonomie, la créativité dans un travail qui demande un respect inconditionnel des référentiels que l'on a soi-même mis en place (avec des consultants aussi, c'est vrai). Aujourd'hui, je constate que nous souhaitons tous ou très souvent de la créativité dans nos métiers, du relationnel, de l'autonomie, de la polyvalence, du plaisir dans la réalisation, et non dans l'obéissance… Est-ce aussi votre cas ?

J'entends parfois certains railler l'expression "remettre l'humain au coeur du système", je pense pourtant qu'elle est d'une urgence absolue pour le développement de nos entreprises, de l'initiative mais surtout pour nous-mêmes. L'humain, n'est pas un moyen, il est une fin en soi… Il serait peut-être temps qu'on le comprenne dans nos entreprises. 
Besoin de faire le point sur votre rapport au travail ? Besoin de mettre en place des stratégies de comportement, de renouveler l'énergie et de la dépenser en totale écologie avec vos valeurs ? Contactez-moi, il est grand temps de relever la tête. Haut Les Coeurs !

Credit photo David Castillo Dominici / FreeDigitalPhotos.net

1 commentaire:

  1. Anonyme22:48

    je suis morte de rire en lisant l'article, en plus de tricherie vous pouvez ajouter lecture attentive de partie des procédures en décalage avec la réalité du quotidien uniquement pour trouver la faille, la phrase mal construite permettant une interprétation non contestable en cas de "prise en flague"....tout ça pour continuer à travailler avec un minimum de logique et assurer ses arrières...ce n'est pas fun, comme vous le dite si bien.
    Corinne

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