Former les chômeurs ? Quelle blague !
J'interviens très souvent auprès d'associations de chômeurs et recueille régulièrement une multitude de témoignages, de parcours, parfois difficiles, d'audaces, d'aventures mais aussi d'angoisses, d'incertitudes et de profondes désillusions. J'y rencontre tous types de fonctions, souvent administratives ou industrielles, de l'employé au dirigeant en passant par toutes les strates de cadres aujourd'hui condamnées.
Dans le même temps, je travaille avec de jeunes diplômés ou futurs diplômés, qui se projettent dans une carrière professionnelle prometteuse, qui envisagent souvent de partir à l'étranger pour décrocher un premier emploi, une première expérience, vivre le commencement, le lancement de leur carrière dans les meilleures conditions.
Enfin, Pôle Emploi me sollicite parfois pour rencontrer des personnes qui n'ont aucune formation, ayant quitté le système scolaire très tôt, ayant décroché comme on dit, vivant au jour le jour dans la plus grande des précarités, bien éloignés des concepts moquettés que l'on retrouve dans beaucoup de stratégie de marque employeur. La vraie vie.
Au final, je rencontre beaucoup de personnes, des gens comme vous et moi, nos voisins, nos enfants, nos parents et tous ont un même but : travailler.
Attention, je ne parle pas du fantasme d'un travail bien payé à ne rien faire ! Je ne parle pas non plus d'un travail automatiquement lié à la notion de plaisir, "on verra ça pour plus tard", non, je parle d'un emploi qui nous resitue dans la sphère sociale, qui nous permet de construire une place, dans la société, et de contribuer, simplement au développement d'une entreprise, d'un groupe.. tout cela en échange d'un salaire pour continuer à fonctionner normalement.
Coach emploi, je consacre mon activité aux personnes en recherche d'emploi. De travailler avec eux à la construction d'une stratégie, d'une recherche plus efficace, de mettre en valeur leur propre parcours… Pourtant, à bien y regarder, je le répète ici encore, je ne rencontre que des génies. Tadam. Oui, je constate combien chacun d'entre nous possédons une richesse extraordinaire, en termes d'aptitudes, de compétences, d'intelligences, de qualités, de motivations, d'engagements et qu'il suffit d'ouvrir les yeux, avec un minimum de clairvoyance et de talent pour se rendre compte qu'il existe en chacun d'entre nous un potentiel formidable qui contribuera inévitablement au développement de l'entreprise qui saura les recruter. Et savez-vous pourquoi je ne vois que cela ? Parce que c'est exactement ce que je cherche, parce que c'est exactement ce qui m'intéresse.
Dans ce blog, je ne critique jamais les recruteurs (quoique). Néanmoins, lorsque je découvre que le chômage des seniors a augmenté de 70% ces quatre dernières années, lorsque je découvre que 47% des jeunes sans diplôme sont au chômage, que les jeunes descendants d'immigrés sont massivement au chômage ou encore que 28% des jeunes diplômés envisagent une expatriation à vie, eh bien je me dis que le coaching ne doit pas être proposé à ceux qui recherchent un emploi mais davantage à ceux qui en proposent un, aux recruteurs. Si notre société construit un modèle dans lequel on "fait sa carrière" entre 30 et 45 ans et tout ce qui dépasse est à jeter, alors, je considère que les fameux DRH, leviers de la stratégie de développement des entreprises (vous comprenez que je sois dubitatif…) nous plongent dans une situation inextricable en orientant à ce point leur politique de recrutement.
Chers responsables des ressources humaines, arrêtez de vous réunir, de participer aux conférences, de construire des serious games, des tests, de réfléchir à la marque employeur, au recrutement 2.0, au CV anonyme... et faites vous coacher ! Nettoyez la tuyauterie ! Remettez-vous personnellement en question !
Je ne doute pas de votre envie de faire progresser l'entreprise, la société même, mais à l'évidence, votre stratégie ne fonctionne pas ! Regardez les chiffres ! Observez l'échec de vos décisions ! C'est assez brutal, mais puisque je contribue au financement massif de l'accompagnement des chômeurs par mes impôts, tout comme vous, je me dis qu'il serait sans doute plus profitable d'accompagner réellement les recruteurs pour qu'ils remettent en cause leurs pratiques, abandonnent leurs a-priori, développent leur intelligence émotionnelle, se débarrassent du clonage, du corporatisme, qu'ils s'entourent d'experts du recrutement, de personnes expérimentées, dont l'une des premières qualités serait l'ouverture d'esprit. Souvenez vous, je défendais l'idée d'un diplôme d'état du recruteur suite à la polémique née d'un reportage TV sur le recrutement...
Je ne doute pas de votre envie de faire progresser l'entreprise, la société même, mais à l'évidence, votre stratégie ne fonctionne pas ! Regardez les chiffres ! Observez l'échec de vos décisions ! C'est assez brutal, mais puisque je contribue au financement massif de l'accompagnement des chômeurs par mes impôts, tout comme vous, je me dis qu'il serait sans doute plus profitable d'accompagner réellement les recruteurs pour qu'ils remettent en cause leurs pratiques, abandonnent leurs a-priori, développent leur intelligence émotionnelle, se débarrassent du clonage, du corporatisme, qu'ils s'entourent d'experts du recrutement, de personnes expérimentées, dont l'une des premières qualités serait l'ouverture d'esprit. Souvenez vous, je défendais l'idée d'un diplôme d'état du recruteur suite à la polémique née d'un reportage TV sur le recrutement...
Bref, cessons de former nos chômeurs à chercher un emploi, à rentrer dans les cases de la sélection mais investissons massivement sur la formation des recruteurs afin qu'ils se débarrassent des stéréotypes qui expliquent aussi ces progressions fortes de chômage que nous constatons chaque jour autour de nous ! J'en ai assez de lire de beaux et longs discours de nos chers responsables des ressources humaines et de constater que les pratiques de recrutement écartent impitoyablement et durablement certains d'entre nous.
Credit photo screationzs / FreeDigitalPhotos.net
… Un message reçu de la part de Serge Fiocret 1/3
RépondreSupprimerRéaction partisane sur le sujet .....
Accompagnons plutôt les recruteurs
Je me suis replongé dans un lointain passé car aujourd'hui âgé de 67 ans,
loin de toutes ces sombres journées à rechercher une emploi entre les années 2000 et 2007.
Mais je pense aux autres ......
Cadre aujourd’hui condamné .... oui, je l’ai été à 53 ans après avoir dirigé un service informatique centralisé au départ avec les bonnes vieilles cartes perforées 80 colonnes,
avant de tenter seul une révolution interne à la société pour imposer peu à peu le traitement en temps réel de la gestion commerciale puis de la comptabilité.
Mon parcours est atypique certes, mais il a eu le mérite de faire d’un nul un cadre dirigeant, promu dans une seconde boîte en tant que partenaire de la Direction générale après avoir été “débauché” au titre de ma compétence reconnue.
Qui étais-je ??? Un enfant un peu niais, dyslexique sans aucun doute, dans la lune souvent, et qui peinait lamentablement dès l’école primaire au point d’être mis sur la touche pendant que mes camarades entraient au collège. J’étais tout juste bon à fréquenter le Centre d’apprentissage, là où je pouvais peut-être devenir charpentier ou maçon .....
Sauf que .... une fois libéré du poids d’un instituteur particulièrement idiot, je me suis fait un immense plaisir pour apparaître aux meilleures places, premier de mon groupe et parvenant à obtenir le deuxième prix d’honneur sur les 150 élèves de ma promo.
Déjà à cette époque, j’ai provoqué un séisme au sein des équipes pédagogiques par rapport aux notations obtenues par le passé mais pour ceux qui m’avaient suivi, je suis resté malgré tout un être à part sans perspectives possibles au long terme malgré ce coup d’éclat ..... Comme on le dit souvent : Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.
2/3 (message de Serge Fiocret)
RépondreSupprimerLa vie m’a aidé fort curieusement en me faisant postulé un jour, sans aucune conviction du reste mais juste pour voir ...., pour un poste d’acheteur en secteur industriel dans une très grosse boîte de la banlieue parisienne. Je n’avais qu’un malheureux CAP de dessin industriel qui ne m’avait guère servi jusque là.
Dans les 3 semaines suivantes, j’obtenais un premier rendez-vous (tous frais payés) alors que je demeurais en province et que je n’étais pas très à l’aise dans les transports en commun. Ce fut un choc pour moi de me retrouver dans une ambiance de très grands bureaux occupés par des centaines de personnes comme cela existait en 1970.
On travaillait essentiellement à la main car l’informatique était centralisée avec des batteries de perforatrices de cartes, responsables de la saisie des bordereaux de livraison en majorité pour déclencher l’impression des factures et la tenue de la comptabilité.
Comment avais-je pu être sélectionné par un recruteur avec si peu de compétences et alors que le marché de l’emploi sur Paris devait regorger de ces jeunes diplômés ???
Non reconnu pour le poste en question, je me suis vu offert un poste à l’Administration des ventes en qualité de chef de groupe pour gérer le portefeuille de commandes ainsi que les lancements en fabrication correspondants. Il fallait vraiment que ce DRH soit particulièrement stupide pour me faire une telle proposition alors que je devais organiser cette activité avec 3 anciennes personnes qui avaient entre 30 et 35 années de maison. !!!!!!!!!!
Encouragé par la confiance qu’on m’accordait ainsi pour la première fois, j’ai pris le risque de venir travailler dans une atmosphère aussi régalienne alors que je ne connaissais rien d’une organisation aussi pointilleuse vis à vis des hiérarchies entres les différents services.
Dans les trois années suivantes, on me fit une nouvelle proposition concernant l’informatisation du service, ce qui n’avait rien à voir avec la manipulation d’un Pc d’aujourd’hui. C’était l’avènement des premiers mini-ordinateurs à comptes cartonnés et pistes magnétiques permettant de mécaniser la tenue du portefeuille des commandes et d’éditer chaque début de mois la planification des besoins à exprimer auprès des chaînes de fabrication.
Une fois l’affaire lancée par l’intermédiaire d’une société de service, je me suis trouvé confronté à des exigences encore plus fortes pour aller me former à la programmation, puis à la réalisation des analyses fonctionnelles, afin d’assurer le développement .... seul, d’autres fonctionnalités à la demande de nos
services de gestion.
Qui aurait parié un seul Kopeck sur ma personne en ces temps reculés ???
Après 12 années d’évolution au sein de cette société, j’avais été repéré semble-t-il au contact d’autres stagiaires pendant certains séminaires ce qui me vaudra cette fois l’invitation d’un patron d’entreprise pour prendre en main l’ensemble de ses activités informatiques.
Mais quand cette dernière affaire a été reprise par un groupe américain, je suis devenu subitement personne in grata compte tenu de l’absence du moindre diplôme en la matière.
3/3 (message de Serge Fiocret)
RépondreSupprimerPossible que le petit génie que j’avais été si longtemps (12 années d’un côté et 18 années de l’autre) n’avait plus rien à voir avec les exigences des réseaux internationaux bien que, avant de partir, je m’étais vu confié un projet qui m’avait conduit à Vienne en Autriche ....
Effectivement, de nos jours, difficile de retrouver ce fameux DRH qui prend le risque de recruter un cas aussi particulier que le mien. Mais en étudiant de près la métamorphose de notre dernier fils qui vient d’avoir 32 ans, il n’est pas impossible que je sois un peu autiste Asperger .....
Lui aussi, classé parmi les débiles mentaux, nous l’avons porté à bout de bras et alors que ses professeurs le voyait se planter magistralement à son BTS, c’est avec tous les honneurs qu’il leur apporta les meilleurs résultats en affichant un 19/20 à la présentation d’un projet de système d’orientation d’un miroir ayant la capacité de réorienter les rayons lumineux du soleil au fil de son déplacement.
Cependant, sur le marché de l’emploi, les recruteurs n’ont pas encore nettoyer les tuyauteries !!!!!
Il occupe un poste qui lui permet de vivre mais sans aucun rapport avec ses réelles capacités. Depuis son entrevue avec Josef Schovanec, (ils ont une année d’écart) il a parfaitement admis que le monde du recrutement se montre bêtement exigeant ...... et que le rejet qu’il doit affronter si souvent n’a rien à voir avec son incompétence.
Encore faut-il que les lignes bougent en France !!!!!!!!
Bien amicalement.
Serge