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Prendre le temps… de prendre le temps

"Moi, je ne peux pas rester à ne rien faire !" Dommage, vous passez à côté d'une expérience formidable : être en soi, avec soi en lâchant prise.
À quand remonte le dernier moment de repos, assis sur une chaise, un banc, là, comme ça, arrêtant la course d'une journée pour souffler un peu et se mettre au ralenti ? Vous offrez vous parfois l'opportunité de stopper le rythme et d'entrer dans une phase de quiétude, à humer, regarder, contempler ce qui vous entoure sans jamais essayé d'y participer.

Personnellement, j'adorais la vitesse, ressentir l'efficacité de mes actions, la pertinence de mes choix et leurs effets à très court terme. J'adorais aller vite… J'aimais tellement, que s'en était devenu un mode de vie, une drogue, un réflexe. Sans raison apparente, je courais, je galopais, fatigant mon organisme, mes proches, mes collaborateurs, brûlant la chandelle par les deux bouts, heureux de contrôler un minimum mon action et mon empreinte sur la vie…


Le seul problème, c'est que je m'habituais à la vitesse. Je m'y habituais tellement que je désirais aller toujours plus vite, me rassurant du même coup sur ma capacité à maîtriser les éléments. Avez-vous remarqué comme nous oublions les progrès de notre vitesse de connexion, comme nous rageons aujourd'hui lorsqu'une page ne s'ouvre pas immédiatement ? Seule solution : s'abonner rapidement à la fibre ou au 4G… 

Alain dans "Propos sur le bonheur" évoquait déjà en 1908 les ravages de la vitesse sur nos comportements, notamment lorsque les progrès techniques ont permis aux trains de rouler plus vite (80 - 95 km/h): où est exactement le profit du temps gagné ? "Tout homme perd au moins un quart d'heure par jour à tenir des propos…, ou à jouer aux cartes, ou à rêver. Pourquoi ne perdrait-il pas aussi bien ce temps là en wagon ?". La vitesse nous fascine et nous condamne aussi… depuis longtemps.
Le profit d'une vie vouée à la vitesse semble bien dérisoire (lire l'illusion du gain de temps) : une succession d'actions, de décisions, de "deadlines" sans jamais jouir du résultat procuré et de la satisfaction d'être bon pour soi.

Lorsque je voyageais régulièrement, je vivais très difficilement les retards de trains ou d'avions et pourtant,  je ne me souviens pas que ma colère ait résolu quoique ce soit, au contraire ! Elle m'écartait irrémédiablement de toute rencontre avec moi-même, gâchant l'opportunité d'attendre et de m'en remettre à ma quiétude. Peut-être était-ce là le but de mon urgence et de mon impatience, éviter de me confronter à moi-même.

Depuis, je vais mieux ! Si, si, je vous l'assure. Je mesure le chemin parcouru… depuis que je me suis retiré de la frénésie (Mes 30 bonnes raisons d'avoir quitté Paris), j'apprécie le calme. J'ai fui l'excitation et la gesticulation pour ré-apprendre à observer les saisons, à me réconcilier avec de petites choses qui me paraissaient bien insignifiantes, si ringardes auparavant ( ...Et pourtant, l'odeur du café moulu, du pain grillant tranquillement n'a pas d'égal pour mettre en appétit le matin ! Le plaisir de faire pousser ses légumes… Tout cela a changé mon rapport au monde). Le farniente, la contemplation, l'art de ne pas gagner du temps mais de le prendre pour en jouir pleinement m'a rendu riche, extrêmement riche, et pour rien au monde, je ne l'échangerai aujourd'hui contre un énième progrès sensé révolutionner ma vie, c'est bon, j'ai déjà donné et je n'ai vu grand-chose.

Et vous, prenez-vous parfois le temps de ne rien faire ? À quelle occasion, dans quels lieux ? Et si nous prenions le temps d'évoquer votre rapport au temps ? 

Credit photo : prozac1 / FreeDigitalPhotos.net

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