J'aime laisse filer le temps… parce que je me sens riche de mon temps, celui que j'use comme je le veux, en autonomie et pleine conscience. Pourquoi cette réflexion ? Parce que les arguments publicitaires, marketing et commerciaux auxquels je suis constamment exposé (comme vous peut-être ?), me lassent profondément, ils veulent m'encourager à investir tous mes efforts (et mon argent) dans une quête de la seconde optimisée, pour me libérer de je ne sais quelle contrainte et "profiter" de façon immédiate d'un plaisir fugace.
La procrastination est devenue le mal du siècle, l'horreur incarnée de celui ou celle qui reste aveugle et immobile devant tant de richesses et de spectaculaires bénéfices, incapable d'exploiter le plus densément possible son temps. Personnellement, j'observe d'un oeil amical les gens qui procrastinent, comme s'ils se mettaient en garde contre l'absurdité de tout mettre en oeuvre dans l'instant ou d'appliquer une stratégie rigoureuse dont le bénéfice semble manquer de sens ou de profondeur.
Il semblerait que notre société favorise la culture des plaisirs, un plaisir chasse l'autre, ne laissant aucune place à l'ennui, aucune place à la vie avec soi.
Apprenons à nous reposer de notre métier, de nos activités, en "arrêtant tout". Apprenons aussi à observer et considérer sans craindre le silence engendré par un calme voulu, le "pour-quoi" de nos actions et la réalité de nos décisions. Ré-apprenons à ne rien faire. Sans culpabilité.
"Le temps est argent", nous "l'avons", ou pas, nous le "perdons", ou pas… et pourtant, il coule comme l'eau dans un ruisseau, avec ou sans nous. Les rythmes s'accélèrent au point que l'instantanéité ou l'immédiateté devient l'exigence absolue, l'efficacité ne souffre d'aucune attente (observez les délais de réponses aux e-mails, aux sms et pire encore aux messages sur Twitter !) nous plaçant tels des enfants capricieux devant la frustration au plaisir immédiat. Sacrilège ! L'urgence est la norme dans nos comportements professionnels, et chaque temps non investi d'un résultat immédiat devient inéluctablement ringard (nommé parfois 1.0 ou "…so 80's"), jeté au fond de tout ce qui ne se mesure pas à coups de R.O.I. (retour sur investissement).
Intervenant régulièrement en entreprise, je constate que la notion d'efficacité ne peut prendre son sens que dans une organisation laissant la place au relâchement de l'esprit, aux tâches plus lentes, sans résultat immédiat (tadam), favorisant le processus de rêverie (menant à la créativité…), une organisation dont la maturité accepte l'alternance de rythmes lents et parfois rapides. La rentabilité coute que coute ne s'inscrit jamais dans une perspective à moyen terme, elle creuse très souvent dans les fondements de sa propre pérennité.
Ces notions, profondes, ont été éradiquées de nos techniques managériales, des outils que nous utilisons chaque jour mais aussi des systèmes que nous appliquons ou des messages auxquels nous obéissons ("Tout ce qui ne tue pas rend plus fort", "vivre intensément chaque seconde", "le temps c'est de l'argent", "une entreprise ne se mesure qu'aux profits qu'elle génère", "zéro défaut", "satisfait ou remboursé", "réponse assurée dans les 15 minutes…"), autant d'injonctions insupportables auxquelles nous sommes exposés. Ne soyons plus pressés d'honorer la culture de l'urgence et apprenons à observer ce qui est vraiment important, ce qui a du sens… Êtes-vous prêt à tenter l'aventure ?
* HLC Conseils accompagne des cadres, des décideurs, des entreprises qui
estiment que la course dans laquelle ils sont engagés va vraisemblablement les conduire là où l’on ne cultive
que des regrets. Besoin de sortir du cadre ?
Crédit photo : Image courtesy of Time Concept" by suphakit73/ FreeDigitalPhotos.net
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