Workalcoholic
En France, il existe un mythe bien ancré dans nos mentalités, le super héros du bureau, l'exemple à suivre, le boss, le dur, l'expert est celui (ou celle mais plus souvent souvent celui) qui passe de très longues heures sur son lieu de travail, consacrant ses soirées à bosser, encore et encore, profitant de la concentration générée par le calme des bureaux pour travailler et avancer dans ses projets - alors que rien n'y personne ne lui demande de rester. J'évoque dans ce billet le choix libre de ceux qui restent tard sans aucune pression hiérarchique, sous la seule contrainte de leur unique décision.
Le syndrome du super-héros
Nous aimons ces "exemples", nous accordons davantage de mérite à ceux qui souffrent, ceux qui ne s'économisent pas et montrent tant d'engagement... par plaisir parfois... Le sens du sacrifice, "tant pis, j'y passerai le week-end..."ou "bon, je vais devoir finir le boulot chez moi..." ou encore "pourriez-vous me faire livrer une piazza, je vais terminer très tard..." est affirmé avec honneur et courage, provoquant la compassion (parfois réelle) de ceux qui ont décidé de se reposer. Les bourreaux de travail existent, ils se nomment les workaholics du côté des États-Unis et nous les croisons tous chaque jour dans nos couloirs (ou sur notre propre chaise !).
Passer des heures ne signifie pas que vous êtes plus consciencieux, plus heureux, plus malheureux... cela signifie que vous faites plus d'heures... simplement... rien d'autre. Passer des heures sans relever la tête (même par plaisir !) peut avoir une conséquence : manquer de discernement et créer de nouveaux autres problèmes, parce que l'efficacité s'effrite, s'envole, s'évapore, enfonçant consciencieusement le "bourreau" dans une spirale infernale de retards, d'erreurs qu'il faut rattraper sans cesse, sans fin, jusqu'au point de rupture si fréquent aujourd'hui, le burnout dont le plaisir a parfois nourri le dépassement.
Cette relation aux heures passées conduit surtout et de façon plus grave vers un autre fléau : l'addiction ou la grande dépendance au travail provoquant des états d'anxiété menant parfois au tristement célèbre karoshi, de manque et de déformation de votre relation au travail (absence d'équilibre, relation disproportionnée, confusion..).
Cette relation aux heures passées conduit surtout et de façon plus grave vers un autre fléau : l'addiction ou la grande dépendance au travail provoquant des états d'anxiété menant parfois au tristement célèbre karoshi, de manque et de déformation de votre relation au travail (absence d'équilibre, relation disproportionnée, confusion..).
Le bourreau de travail
Alors que certaines entreprises revendiquent fièrement le niveau d'engagement ou la disponibilité de leur collaborateurs parce qu'ils travaillent tard, beaucoup et longtemps (j'ai en tête le profil d'un entrepreneur affichant sur un grand réseau social qu'il travaille 35 heures en 2 jours), elles instaurent dans leurs rangs un climat malsain entre ceux qui refusent de rester tardivement (refusent par choix idéologique ou pratique) et les autres, créant deux groupes, ceux qui "contribuent au bien commun" en sacrifiant leur temps libre et ceux qui "profitent" des efforts des premiers.
Bref, les bourreaux de travail sont rarement silencieux ou discrets, ils partagent leur sacrifice, accumulent les heures, le font savoir, communiquent verbalement ou non (avoir l'air concentré sur un dossier après 20h00 est une communication non verbale) et se positionnent parfois en héros national (proposant par exemple d'organiser une réunion à 19 heures et criant au scandale en constatant qu'ils ne seraient qu'une poignée de braves présents à l'évènement).
Coaching du bourreau de travail
Mon point de vue sur la réalité du travail accompli est clair :un bourreau de travail est moins efficace
qu'une personne travaillant normalement (comme indiqué sur le contrat de travail par exemple). Rappelons-nous, cette personne est recrutée pour produire un travail dans un temps cadré, si elle n'y parvient pas, alors, elle doit accepter de se remettre en question en travaillant sa gestion du temps, son organisation ou d'engager une réflexion personnelle sur sa relation au travail :- Qu'est-ce qu'il m'apporte ce travail ?
- À quels besoins répond il ?
- Existe t'il d'autres formes de réponses à mes attentes ?
- Pour quelle raison ai-je tendance à valoriser les heures passées au bureau ?
- Quels bénéfices vais-je trouver dans ce comportement ?
- Quels coûts suis-je prêt à assumer pour générer ces bénéfices ?
- Puis-je trouver d'autres bénéfices, ailleurs, et moins coûteux ?
Par conséquent, en tant que manager, je dois repérer ceux qui tardent à quitter le bureau et leur proposer un accompagnement destiné à renforcer leur propre organisation, ils éviteront ainsi de se plaindre continuellement d'avoir volontairement sabré leur vie personnelle. A l'heure de l'ultra mobilité, il est grand temps d'apprendre à s'organiser avant de créer une société aussi néfaste à la santé de ses collaborateurs et à son bilan financier. Besoin d'un coach emploi pour travailler votre organisation ? N'hésitez pas à me contacter !
Lire aussi :
Ce que vous décrivez existe effectivement mais ce n'est pas, il me semble, le plus fréquent : la majorité des "bourreaux" restent tard à cause du boulot à faire... Car encore faut-il que la masse de travail à accomplir soit réalisable avec des horaires normaux...
RépondreSupprimerBonjour anonyme et merci pour ce commentaire !
SupprimerTout d'abord, je vous félicite d'avoir autant de travail et de constater autour de vous qu'une majorité de "bosseurs" ont une masse écrasante de travail à accomplir. Ceci dit, à l'heure où le taux de chômage est si élevé, il me parait totalement stupide que certains croulent sous le travail et d'autres en recherchent. Pourquoi ne recrutez-vous pas ? S'il s'agit d'une question de moyens, alors l'efficacité des efforts fournis est à revoir et à remettre en question. Vous ne croyez pas ?
Enfin, vous n'imaginez pas le nombre de personnes en poste qui s'ennuient au travail… et qui restent tard :)
Merci pour votre participation
Pierre
Bonjour
RépondreSupprimerEffectivement, ils ne sont jamais discrets ... ceux qui insupportent encore plus sont ceux qui sont présents alors qu'ils sont en arrêts maladie ! Je trouve que c'est dangereux. On peut se demander s'ils ont réellement besoin de cet arrêt de travail ... et ils font se sentir mal tous ceux qui ne peuvent pas être aussi présents dans ces cas là.
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci pour cet article.
Ces comportements sont en effet dévastateurs pour les autres.
Notamment, parce que la direction pense que leur implication permet de pardonner tous leurs manques d'organisation et de ponctualité.
J'ai en effet remarqué que ces profils sont ceux qui sont systématiquement en retard aux points ou réunions, signifiant notamment ainsi "Moi j'ai plus important à faire que toi qui es à l'heure".
Personnellement, sauf prise de conscience de la direction, je ne vois comment faire évoluer cette problématique.
Bien vu.
RépondreSupprimerIl y a quelques années, j'ai calmé un fanfaron du temps de travail qui paradait en disant à qui voulait l'entendre qu'il passait 70 heures au bureau (au passage, il ne disait pas travailler mais bien "passait"). Comme cela finissait par être pénible pour tout le monde, je lui ai mis sous le nez un calcul assez simple: le résultat de la division de son salaire mensuel forfaitaire par le nombre d'heures déclarées, ce qui donnait un taux horaire en dessous du SMIC de l'époque. Il a boudé quelques jours, puis a progressivement décéléré.
RépondreSupprimerLe meilleur moyen de calmer un présentéïste est de diviser son salaire mensuel par le temps qu'il déclarait effectuer. J'ai fait cela à un collaborateur il y a quelques années: la conclusion était que son taux horaire réel était en dessous du SMIC (sans pouvoir prétendre à des heures supplémentaires puisqu'il avait conclu un forfait en jours sur l'année). Il a boudé quelques jours, puis a progressivement levé le pied.
RépondreSupprimertrès juste.. et salutaire de le rappeler.. j'ai été une fois l'assistante d'une dame "comme ça" qui a conduit quelques jeunettes à la dépression (moi j'ai changé de boulot).. à ceci près que "Passer des heures ne signifie pas que vous êtes plus consciencieux, plus heureux, plus malheureux" me semble bienveillant, car il s'agit bien, selon moi, d'une névrose !
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