Je constate l'émergence d'une pratique insupportable, extrêmement violente pour les candidats : le recrutement annulé faute de budget. Imaginez le contexte, vous êtes au chômage depuis quelque temps et repérerez une annonce, pile-poil celle qui vous convient… Ô joie, votre CV fait mouche et vous êtes convoqué au premier entretien, qui se déroule à merveille. Deuxième, puis troisième rencontre, vous apprenez la bonne nouvelle, votre candidature est retenue, vous démarrerez bientôt au sein de l'entreprise, oui, promis, on vous fait suivre un contrat très rapidement. Waouh ! Champagne !
Bien entendu, vous prévenez vos amis, vous vous offrez enfin un petit restaurant, la joie vous habite et le moral remonte en flèche… jusqu'au jour où vous recevez un e-mail cinglant vous annonçant que faute de budget accepté par la direction de l'entreprise (ou très souvent aussi le bureau de l'association), le recrutement est annulé et oui, promis, on vous appellera dès que la situation sera rétablie…
L'effet Pschitt d'un recrutement |
Cela vous dit quelque chose ? L'effet yoyo ou douche écossaise… pour moi, cela évoque l'amateurisme ou le jeu de pouvoir.
L'amateurisme de décideurs qui n'ont rien validé et qui se lancent bille en tête dans un recrutement fantaisiste, répondant à une envie davantage qu'à un projet construit. De l'inconscience pure dont la seule victime est le candidat qui lui, concrètement, se projette dans une réalité si mouvante. L'amateurisme dans la méthode bien sûr mais également dans la relation humaine, ce manque cruel de responsabilité et de droiture qui laisserait logiquement penser qu'une promesse ou un engagement ne concerne pas seulement celui qui le reçoit. Bref, le recruteur est l'ambassadeur de son entreprise, il s'exprime au nom de l'entreprise et ne peut se cacher derrière elle lorsque le budget n'est pas adopté.
Le jeu de pouvoir également, vous savez, ce bras de fer entre une direction opérationnelle et une autre, financière par exemple :
- je ne te donne pas de budget !
- Ah oui ? C'est ce que l'on va voir !
Et de lancer en catimini un recrutement que l'on portera jusqu'à son terme et que l'on brandira avec colère pour justifier de l'urgence d'un budget à adopter. Evidemment, quand il n'y a plus de sous dans la caisse...
A ce jeu là, il n'y a qu'un seul perdant : le candidat.
Ces pratiques, très courantes sont insupportables, elles plongent certains candidats dans de tels états qu'il s'agit bien d'une maltraitante, une situation dans laquelle le candidat n'est rien d'autre qu'une candidature, qu'une ligne de budget non voté.
Rencontrant tous les jours des dizaines de personnes en recherche d'emploi, ces faits n'ont rien d'anecdotiques et méritent, je le pense de faire l'objet de réparation pour un véritable préjudice subit (après tout, lorsque vous vendez une maison, n'existe t'il pas une clause vous permettant de toucher de l'argent en cas de désistement de l'acheteur ?).
De Palpatine :
RépondreSupprimerAyant eu des anciens élèves d'écoles d'ingénieurs qui ont subi cela il y a quelques mois (oui, même eux !), je rappellerai ici aussi ce que je leur ai appris (ils sont tendres, malléables et entubables, à cet âge...) : du moment que l'on a une promesse d'embauche par écrit (qui normalement déclenche le champagne), le contrat de travail est formé. Je la refais pour qu'il n'y ait pas d'ambiguité : il est INUTILE d'avoir un contrat écrit et signé, il suffit d'avoir une offre (promesse) précise, ferme et non-équivoque (c'est du droit des obligations en général, cf pollicitation pour le jargon de juristes) ; en revanche, pour des raisons de preuves en cas de litige, il faut un écrit émanent de la partie adverse, par exemple un mail disant que le poste à pourvoir (précis) vous est donné (offre ferme), sans condition particulière à remplir comme la négo du salaire ou autres (non-équivoque).
À partir de là, on peut faire un Prud'hommes, pour rupture abusive. Il n'y a que 2 mois bruts à gratter (le minimum légal, c'est net d'IR mais pas de CSG-CRDS), peut-être un peu plus en faisant valoir le préjudice subi, mais peu d'espoir en première instance. Normalement, l'employeur crétin finit par céder en conciliation (quand il s'aperçoit en face d'un juge qu'il est vraiment coincé et que ça va lui coûter un bras en avocat pour rien).
Souvent, les personnes sont trop déstabilisées (et ont un autre boulot à trouver dans l'urgence) et laissent filer. Il ne faut point : d'une part cela encourage des pratiques détestables de laisser passer cela, d'autre part ça fait un bien fou d'aller en justice faire plier les malotrus ! On a moins l'impression d'être en permanence le dindon de la farce, et ça met dans une attitude de combat bonne pour le moral ! :)
Remarque intéressante et pertinente mais encore faut-il avoir le temps et l'argent pour saisir les prud'hommes...
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimeren cherchant un nouveau poste d'ingénieur en développement informatique j'ai été confronté deux fois à cette situation. A chaque fois j'ai validé les entretiens (3 à 4 avec le rh, le manager, parfois une personne technique et en dernier un directeur). Les deux fois lors du dernier rendez-vous, on m'a oralement dit que c'était bon qu'il ne restait qu'à rédiger le contrat. Contrat qui n'est jamais arrivé pour manque de budget, mais que bien évidemment si la situation économique s'arrangeait on me prendrait. Je peux dire que j'ai été très déçue de ces entreprises, très énervée de "perdre" mon temps et d’être prise pour un jouet. Ces situations sont très frustrantes, on ne peut rien faire et font énormément souffrir, car on a profondément envie de changer on se projette facilement dans ce poste qu'on nous a promis.
Bonjour Pierre,
RépondreSupprimerC'est une attitude totalement irresponsable ! J'ai travaillé dans différentes tailles d'entreprise, grande ou petite, de nature privée, associative, publique... Je confirme que j'ai constaté malheureusement ce type de pratique essentiellement dans le public. Certains de mes amis, plus jeunes que moi en recherche d'emploi il y a plusieurs années, ont essuyé ce genre de plaisanterie...
Il y a une forme de déresponsabilisation totale. On est bien installé derrière son bureau, avec un contrat de travail en CDI en bonne et due forme signé par l'entreprise, et on se dit qu'on va embaucher, tiens, et même si la Direction tique, on verra bien !
C'est insupportable et méprisable.
Dans le même genre, il y a les clients qui vous signent un devis pour un contrat annuel de prestation, avec un CA pour vous annuel à la clef, et n'en exécutent que le tiers, voire le quart, parce que les budgets ont été rognés dès le 2ème mois de l'année ! Alors, vous leur faites un procès ? Même pas bien sûr !
Il y a ceux qui sont dans l'entreprise, et les autres. Maintenant ma conviction est faite, avec le vécu de 13 ans d'indépendance...
Ce jour 03 février 2020, je viens de subir le même sort. Après ma candidature, j'ai été convoqué à un entretien le 08 janvier qui a été très positif et le 14 janvier, je recevais un coup de fil pour m'annoncer que j'étais recruté. Je devais être recontacté dans les jours suivants par la RH du Service afin de finaliser le contrat.
RépondreSupprimerMais il y avait un " mais " ! Il fallait demander à la Direction une dérogation pour le poste suite à un gel des embauches externes. Donc après une première relance le 22 janvier et une ce jour, le Responsable du Service m'a dit qu'il y avait peu d'espoir voire pas du tout que cela puisse aboutir puisqu'on lui demandait de se débrouiller en interne pour résoudre le surplus de travail à venir. Il aura une nouvelle réunion avec les RH vendredi mais je ne me fais guère d'illusion...
Bien entendu, on garde ma candidature au cas où...
Pourtant il s'agit d'une très grosse entreprise qui réalise plusieurs milliards d'Euros de chiffres d'affaire et qui est implantée dans de nombreux Pays à l'étranger.
Didier