Allez, pour une fois, une anecdote très personnelle... si, si. Remontons quelques années en arrière, à l'époque où je pratiquais un sport assez difficile en compétition : le cyclisme. Coureur correct, régulier, bon puncheur/sprinteur (les amateurs de jargon cycliste se régalent), toujours placé, jamais vainqueur mais suffisamment vaillant pour être sélectionné aux championnats régionaux Juniors.. Tatam ! Ô joie, je jubilais à l'idée de participer à cette course et me suis longuement et soigneusement préparé, tant sur l'endurance que sur la puissance.. bref, regardez Rocky I et vous aurez une idée des efforts consacrés aux séances !
Le jour J arrive. Il pleut des hallebardes, il fait froid, il vente, que dis-je, il tempête... mais l'épreuve est maintenue.
Nous sommes un peu plus de 100 coureurs, et au fil des tours, certains abandonnent ou sont irrémédiablement lâchés. Du coup, je me retrouve dans un groupe d'une trentaine de personnes et constate rapidement que les visages de mes adversaires sont tirés et grimaçants. Cool.. je me sens encore plein d'énergie, j'en ai sous la pédale, ma préparation a été bien utile !
Dernier tour, le peloton devient nerveux, je prends la roue de celui que j'estime être le plus rapide à l'arrivée. La dernière ligne droite, longue, très longue est totalement exposée au vent. La technique du sprinteur revient alors à rester le plus longuement à l'abris des autres coureurs pour "gicler" au dernier instant. Et bien, c'est ce que j'ai fait, à quelques dizaines de mètres de l'arrivée, je me suis retrouvé en deuxième position, prêt à jaillir. "Bon sang, Pierre, tu vas être champion régional... puis tu participeras aux championnats de France... " Voilà ce que je me suis dit. J'ai produit un effort violent, j'ai laissé sur place mon adversaire... et puis j'ai voulu bien faire. Je me suis concentré sur ma technique. Je me suis tellement concentré que j'ai pédalé d'une façon assez peu naturelle pour moi, peu habituelle en fait... et patatras, mon pied droit (je m'en souviens) sort du cale-pied, je n'avais plus aucune prise sur rien, et face au vent, l'élan ne vaut rien.
Fatalement, tout le monde m'a dépassé et j'ai laissé passer cette occasion en or massif. Du coup, ce fut ma dernière course et je ne compte plus le nombre de rêves associés à cette histoire.
La morale de tout cela, quelle est-elle ? J'étais le meilleur, prêt, affuté, dans la position la plus favorable qui soit et j'ai perdu. J'ai perdu parce que je ne me suis pas suffisamment fait confiance, j'ai perdu parce que j'ai préféré me concentrer sur l'application de tout ce que j'avais appris plutôt que de me lâcher, de tout donner à cet instant. J'ai perdu parce que j'ai eu peur de la victoire.
Mon conseil, chers amis lecteurs, c'est de continuer à vous préparer, longuement, professionnellement, vous entraîner aux recrutements. En revanche, lorsque viendra le jour J de l'entretien, faites vous confiance, tout ce que vous aurez acquis sera en vous, les automatismes viendront naturellement, pourvu que vous donniez le meilleur de vous même, pourvu que vous sachiez tout donner. Haut Les Coeurs !!!
PS : cela fait 26 ans et tout le monde dans mon entourage a toujours cru que j'étais satisfait de cette 8ème place...
OUI ! Je dis un grand OUI !
RépondreSupprimerEn tant que sportif j'ai vécu la même chose que Pierre !
Dans le tir à l'arc, il y a aussi beaucoup de technique et de précision. Les coachs ont beau nous répéter qu'en compétition, il faut penser "faire des points", avec la niak, "bouffer" le 10 des yeux, il n'empêche que dès qu'on fait de mauvaises flèches, on revient à la technique et à force de concentration là dessus, on en perd tous nos repères. Merci le stress. Dans ces cas là, on cherche à se rassurer avec ce qu'on sait, ce qu'on a appris. Et en effet, ça veut dire qu'on n'a pas confiance en soi, qu'on n'a pas la niak, qu'on se cache derrière des automatismes bien acquis.
Mais non, en sport comme en entretien, le jour J, il faut se dire que les automatismes seront là sans qu'on y pense et il faut être soi, avec son punch personnel et portatif ^^
Excellent ce coming out Pierre , tu sais cycliste ce n'est pas si grave que ça ... J'en connais un autre qui a vécu des choses quasi similaire en ski de fond ;) . Mais l'essentiel est dit : Soyez vous de bout en bout , ne vous mentez pas à vous même , vous raterez peut être ainsi encore quelques jobs mais seulement ceux qui de toutes façons n'étaient pas fait pour vous ... Et n'oubliez pas que plus grave que de tromper son futur employeur en ne se faisant pas confiance et en enfilant le costume d'un autre , il y a le fait de se mentir à soi , d'avoir le job et de ne pas s'y sentir bien . L'entretien d'embauche n'est pas un entretien de vente il devrait être plus proche d'un entretien d'élaboration d'un projet de vie entre 2 Zamoureux avec un Z majuscule ;0)
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